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Published April 9th 2011
J'observe les choses aller depuis quelques années déjà et il y a un élément qui m'accroche, qui m'irrite. Celui de s'afficher et s'affirmer comme société distincte. En fait, nous le sommes de moins en moins et tout tend à ce qu'éventuellement, nous ne le soyons plus du tout.
Évidemment, notre langue et notre culture, le temps qu'elles dureront, nous distingueront du reste du monde et surtout du reste du Canada, mais une société distincte, ce n'est pas qu'une langue que l'on parle et une culture que l'on partage. Si oui, quel est alors notre mérite?
D'un avantage, d'une fierté, d'un positionnement particulier, cette notion de société distincte, tranquillement, subrepticement, est presque devenue un embarras, un ennui, un boulet. Les frais de scolarité en sont le plus bel exemple. Depuis les dernières années, toute la rhétorique tourne autour du fait que ces frais doivent s'approcher de la moyenne canadienne. Que nos étudiants sont gâtés, privilégiés, qu'ils ne savent apprécier leurs avantages et que cette situation met en péril la qualité de l'enseignement supérieur.
Bullshit. Être une société distincte signifie d'abord faire des choix différents. Décider non pas en fonction de ce que les autres font et sont, mais de ce qui est meilleur pour nous. Évidemment, c'est beaucoup plus facile de se fondre dans la masse et de se perdre dans la moyenne, alors que se distinguer demande de l'audace, du courage, de la détermination et de la vision, tous des éléments qui nous manquent cruellement.
Je n'ai jamais compris pourquoi, comme société et pour l'avenir de celle-ci, nous ne ferions pas de l'éducation et de l'accessibilité aux études supérieures une des pierres angulaires de cette société distincte que nous prétendons être. Pourquoi, justement, ne pas afficher notre différence en affirmant haut et fort que l'éducation est l'élément central qui nous caractérise, qui nous distingue et que son accessibilité représente l'une des bases de notre positionnement social?
Un tel discours me plairait. Je saurais au moins l'une des valeurs fondamentales de la société à laquelle j'appartiens. Je saurais aussi où elle s'en va cette société et où elle sera dans 20 ans, 30 ans. Dès lors, il serait plus facile de la diriger et de prendre les décisions en fonction de ce positionnement.