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Les Nordiques: Panacée miraculeuse ou pensée magique!

Les Nordiques : Panacée miraculeuse ou pensée magique!

L'ampleur perçue des retombées du retour des Nordiques a de quoi surprendre.

Dans ce dossier des Nordiques, quelle attitude adopter? Celle du convaincu qui pousse dans le même sens que la majorité sans trop se questionner ou celle du sceptique qui s'interroge librement sur les réels impacts de leur possible retour?

Les chiffres sont les chiffres. L'IRB se fait une obligation de les diffuser, mais un devoir de les analyser, les questionner et les situer dans une perspective autre. Un observatoire social, c'est aussi ça.

Ainsi, les vertus associées au retour des Nordiques apparaissent toujours amplifiées alors que les vices, au contraire, semblent constamment minimisées. Ainsi, les participants devaient se prononcer sur six points précis reliés aux éventuels effets qu'engendrerait ce retour. Les voici :

1)L'amélioration de l'image de la ville de Québec ici et en Amérique
2)La réduction de l'importance et de la visibilité accordées aux autres athlètes et clubs sportifs de la région
3)L'amélioration de la santé économique de Québec
4)La réduction des dépenses accordées pour la fréquentation d'autres activités (culturelles, artistiques, loisirs, sportives, etc.)
5)La création d'un sentiment d'appartenance fort et l'émergence d'une mobilisation régionale.
6)L'accentuation négative de la rivalité entre Montréal et Québec.

Pour faciliter la lecture et la compréhension de ce dossier, l'IRB présentera un tableau pour chacun de ces points et quelques commentaires à leur suite.

Le retour des Nordiques améliorera l'image de Québec ici et ailleurs en Amérique
 
Les répondants sont deux fois plus nombreux à le penser qu'à le contredire. À Québec, ils sont sept fois plus nombreux à se dire d'accord avec cette affirmation. Cette croyance est davantage sentie par les hommes (49 %) et surtout les personnes déclarant les plus hauts revenus (58%) alors qu'à l'opposé, on retrouve les femmes et les personnes affichant une forte scolarité (maîtrise et/ou doctorat).

Il est quand même troublant d'accorder autant de vertu à une simple équipe de hockey professionnelle. Cette donnée envoie un message contradictoire face à l'émergence, l'explosion et le dynamisme affichés par la ville de Québec au cours des dernières années. Jamais Québec n'aura rayonné autant alors que les Nordiques ne sont que dans les rêves de certains. On doit alors se poser une questionn très simple: Est-ce vraiment Québec qui a besoin des Nordiques ou plutôt les Nordiques qui ont besoin de Québec?  


Le retour des Nordiques réduira l'importance accordée aux autres athlètes et clubs sportifs de la région
 
Le retour des Nordiques semble aveugler la population. Les impacts positifs apparaissent toujours exagérés et ceux négatifs toujours diminués. La mémoire se veut  aussi très sélective alors qu'à l'époque, la ville de Québec ne semblait reposer que sur cette équipe tellement partout omniprésente elle était.

La croyance que le retour des Nordiques réduira l'importance accordée aux autres athlètes et clubs sportifs décroît progressivement avec l'âge des répondants. Dans l'ensemble, les répondants sont presque trois fois plus nombreux à rejeter cette hypothèse. Réalité ou illusion?

 

Le retour des Nordiques accentuera la santé économique de la ville de Québec
 
La santé économique de qui? Certainement pas celle des personnes qui brûleront leur paye pour aller les voir jouer. Mais oui, effectivement, certains tireront profit de la présence d'une équipe de hockey professionnelle à Québec, c'est une évidence, mais cette manne rejaillira sur combien de personnes? L'a-t-on déterminé, identifié? Ces retombées seront-elles surtout individuelles ou plutôt collectives? Mais bon, les répondants sont quatre fois plus nombreux à le penser, que peut-on ajouter?

Mais est-ce une autre manifestation de lucidité et de son influence sur les niveaux de bonheur, mais l'IRB (indice de bonheur) des personnes qui ne croît pas aux retombées économiques du retour des Nordiques à Québec est de 6 points supérieurs à celui des personnes qui en sont convaincues. La pensée magique et le bonheur ne logent pas à la même enseigne. La dépendance non plus.


Le retour des Nordiques réduira les dépenses de la population pour la fréquentation d'autres activités
 
Même encore pour cette question, la population ne réalise pas que les portes-feuillesne sont pas extensibles et que l'état de ces derniers dicte le nombre et le type d'activités auxquels chacun participe. Un match de hockey ne constitue pas la plus économique des activités et laisse souvent bien peu d'argent pour intégrer une autre activité dans son calendrier.
C'est tout de même autour de cette question que les résultats sont les plus mitigés, malgré que . . .


Le retour des Nordiques créera un sentiment d'appartenance fort et mobilisera la population régionale
 
Il semblerait qu'une équipe de hockey ait cette propriété et pas seulement qu'un peu. Onze fois plus nombreux à le penser. C'est à espérer que cette équipe soit gagnante, sinon, l'effet risque d'être contraire. Cette donnée, davantage que toutes les autres, laisse croire que le retour des Nordiques est perçu comme salvateur de notre pauvre condition mais démontre aussi la possible dépendance que créerait ce retour. Souvenons-nous des années difficiles, de la rage et la grisaille qui ont suivi le départ des anciens Nordiques vers le Colorado.

Les dépendances, personnes en a besoin, surtout pas le bonheur. Est-ce une preuve, un signe, mais l'IRB moyen des 8 % de répondants qui ne croit pas à cet effet salutaire du retour des Nordiques sur le sentiment d'appartenance régional affiche un IRB de 90,80, 12 points supérieurs à ceux qui pensent le contraire (78,70). Ouf!

 

Le retour des Nordiques accentuera négativement la rivalité entre Montréal et Québec
 
Il y rarement de fumée sans feu. Cette rivalité, souvent gentille, parfois amusante, est toujours latente et n'a besoin que d'un petit prétexte pour surgir. Les études passées de l'IRB l'ont bien démontré. Un bref retour sur l'actualité également (chicane sur les dates du Festival d'été de Québec et celles des Francofolies de Montréal).

Et pour ceux qui ne se rappellent pas des périodes des Fêtes mouvementées, parfois agressives, alors que les Canadiens et les Nordiques s'affrontaient, rappelons-leur qu'elles ne généraient pas toujours que des retombées positives.

La situation au Québec est telle qu'elle commande davantage des actions permettant de se rapprocher, mieux se comprendre et se mobiliser plutôt que de se regarder comme chien et loup, l'un essayant toujours d'avoir le dessus sur l'autre, peu importe le sujet, car l'important, de nos jours, c'est de gagner. N'est-ce pas? "Mon père est plus fort que le tien". Les Nordiques, c'est pas un peu ça?