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Les Nordiques, avant la culture et le tabagisme!

Les Nordiques, avant la culture et le tabagisme!

400 millions de dollars pour un nouvel amphithéâtre passent bien avant d'autres choix sociaux et collectifs.

Et surtout lorsqu'on demeure dans la région de Québec. Exercice hypothétique s'il en est un, mais révélateur, l'IRB a voulu connaître les priorités des gens et déterminer où se situait l'importance d'investir 400 millions des deniers publics dans la construction d'un nouvel amphithéâtre à Québec.

Sans être une priorité nationale, cet amphithéâtre associé au retour des Nordiques passe bien avant d'autres choses. Voici les six points sur lesquels les répondants avaient à se prononcer. La question demandait de choisir entre investir 400 millions pour l'amphithéâtre ou...

1)Investir cette somme dans le système public d'éducation
2)Rendre le transport en commun gratuit pour tous les étudiants des cégeps de la province.
3)Investir cette somme pour assurer de meilleurs soins à domicile pour les personnes âgées.
4)Investir cette somme dans la lutte antitabac et les différentes formes de dépendance.
5)Investir cette somme pour supporter les différentes institutions culturelles et artistiques québécoises (théâtre, danse, musiques, etc.)
6)Appliquer cette somme sur la réduction de la dette de la province
Choix d'investir dans l'une des 6 priorités énoncées plutôt que dans l'amphithéâtre


Quelques constats

Les réponses des gens de la région de Québec ne laissent aucun doute sur leur désir de voir les Nordiques de retour. Presque l'effet d'une religion. Ce désir est tellement puissant qu'il réduit à des miettes ou presque certaines autres options pourtant très valables.

La priorisation du système d'éducation publique plutôt que l'amphithéâtre est nettement plus sentie chez les femmes (68 % vs 54 % pour les hommes) chez les 18-24 ans (70 %) et cette volonté croît avec le niveau de scolarité des répondants. Il est à noter que les personnes affichant les plus hauts revenus (80 000 $ et plus) constituent le groupe le moins favorable à cette option  (48 %). Les mauvaises langues diront peut-être que c'est parce qu'ils envoient leurs enfants dans les écoles privées!

Le transport en commun gratuit pour tous les étudiants des cégeps de la province ne s'avère guère populaire et encore moins auprès des personnes déclarant les plus hauts revenus. Ah, ceux-là! Par contre, les 18-24 ans (42 %) et les personnes avec des revenus de moins de 15 000 $, souvent des étudiants, s'y montrent plus favorables, quoique . . . (50 %).

L'investissement de la somme prévue pour l'amphithéâtre dans les soins à domicile pour les personnes âgées est l'option qui remporte la plus large adhésion (67 %). Le choix de cette option augmente avec l'âge des répondants et atteint même 76 % chez les femmes. Par contre, fidèle à leurs habitudes et démontrant constamment leur individualisme criant, les personnes avec les plus hauts revenus sont le groupe le moins enclin à privilégier cette option (56 %).

Moins du tiers des répondants (30 %) favorisent l'investissement de cette somme de 400 millions de dollars dans la lutte antitabac et les dépendances.

La culture ne pèse pas bien lourd dans la balance et ne fait pas le poids face au raz de marée que représente le retour des Nordiques. La culture, les chiffres le démontrent bien, c'est davantage une préoccupation urbaine plutôt que rurale (44 % pour vs 31 %), féminine que masculine (42 % pour vs 35 %) et liée à la scolarité, les diplômés de 2e cycle étant majoritaire (54 %) à prioriser un investissement dans la culture plutôt que dans l'amphithéâtre.

Il reste la dette. La fameuse dette. Elle préoccupe au point que les répondants sont majoritaires (53 %) à opter pour la réduction de celle-ci plutôt que d'investir ces 400 millions de dollars dans l'amphithéâtre. Cette option et l'analyse des chiffres démontrent que la dette est une préoccupation davantage rurale qu'urbaine (61 % vs 51 %), féminine que masculine (56 % vs 50 %), mais qu'elle décroît avec le niveau de scolarité affiché.

Alors, la volonté de revoir les Nordiques et leur fournir un amphithéâtre pour les recevoir, c'est du solide, cela semble assez clair à la lumière des chiffres de cette étude, mais est-ce la meilleure chose à faire? Est-ce qu'une volonté populaire doit forcément devenir une priorité politique et sociale? Si l'on se fie à la force et au caractère de nos dirigeants actuels, la réponse est oui, sans aucune hésitation. La direction du vent dicte la direction des décisions. Certains diront que c'est de la démocratie, d'autres de l'opportunisme, mais ce dossier, c'est aussi et assurément de la politique.