This article is not available in english.

La peur de la solitude: Mythe ou déni?

La peur de la solitude : Mythe ou déni?

Sur cette question, le côté paradoxal des Québécois se manifeste une fois de plus.

Mythe, paradoxe, déni. . . Ou menterie statistique. Depuis six ans que l'IRB sonde le cœur, l'âme et la tête des Québécois, rarement a-t-on remarqué pareille contradiction. Les indices et les signes, statistiques ou réels, de la peur de vivre seul sont partout présents. La solitude ressemble parfois à un paria que personne ne souhaite côtoyer.

Pourtant, pourtant, un mince 14% des Québécois affirme avoir peur de la solitude. À l'opposé, ils sont 65% à ne pas la craindre du tout. Ces données, selon l'IRB, ne reflètent aucunement la réalité. Et c'est probablement la première fois aussi que nous remarquons un aussi grand écart entre les réponses données et la réalité perçue.

Comment alors expliquer cette frénésie à se trouver des amis, réels ou virtuels? D'expliquer la popularité des sites de rencontres? Ou l'obsession de se trouver un partenaire? Comment justifier que les Québécois sont plus du double (31% vs 14% qui avouent avoir peur de la solitude) à préférer étirer une relation sentimentale qui bât de l'aile plutôt que d'y mettre fin et se retrouver seul? Comment expliquer que ces mêmes Québécois sont quand même 22% à convenir qu'ils auraient de la difficulté à se retrouver seul MOMENTANÉMENT (quelques jours ou semaines) si leur conjoint partait en voyage? Imaginez si le momentané s'étirait ou, pire, devenait permanent?

Nous pourrions continuer encore, mais les données précédentes proviennent toutes de la même enquête. Ce sont les mêmes personnes qui ont répondu aux mêmes questions. Alors, par rapport à la solitude, il y aurait donc un peu de mythe, mais aussi passablement de déni . . . Ou d'ignorance, car nombreuses sont les personnes qui n'ont jamais connu la solitude.

Mais peu importe l'interprétation de ces données, il y en a une qui ne laisse aucun doute. L'attitude face à la solitude sur le niveau de bonheur des gens. La courbe, comme vous le constaterez dans le graphique suivant, est directement proportionnelle.

IRB en fonction de la peur exprimée face à la solitude

 

L'âge et l'argent

Une deuxième chose se dégage et s'avère un peu inquiétante. La solitude semble effrayer surtout les jeunes (18-24 ans) qui sont le double de la moyenne des répondants (27% vs 14%) à affirmer craindre la solitude. À moins que ce ne soit les plus honnêtes dans leurs réponses. Ils sont aussi les plus nombreux à avouer qu'ils auraient de la difficulté à se retrouver seuls momentanément si leur blonde ou chum partait pour quelques semaines (33%).

Comme le suggère le graphique qui suit, la solitude semble s'apprivoiser avec l'âge alors qu'il semble exister, plus jeune, une forme de dépendance à l'autre.

Qui craignent la solitude / Qui auraient de la difficulté à être seul pendant quelques semaines si leur conjoint(e) s'absentait quelques semaines en fonction de l'âge

 

Il n'y a pas que l'âge qui semble prémunir les gens face à la solitude, mais aussi l'argent, et ce, dans des proportions presque similaires à l'âge. La vie en fait et l'expérience qu'on en tire pourraient-on conclure! À moins que l'importance de l'argent, comme l'IRB l'a souvent remarqué, transcende sa stricte valeur. Ce critère (l'argent) n'apparaît d'ailleurs pas au 5e rang des 24 facteurs d'influence du bonheur sans raison. Rappelons-nous? Il devance l'amour, au 6e rang.